SONNET IX
Tout aussi tot que je commence à prendre
Dens le mol lit le repos desiré,
Mon triste esprit hors de moy retiré
Sen va vers toy incontinent se rendre.
Lors mest avis que dedens mon sein tendre
Je tiens le bien, où jay tant aspiré,
Et pour lequel jay si haut souspiré,
Que de sanglots ay souvent cuidé fendre.
O dous sommeil, o nuit à moy heureuse!
Plaisant repos, plein de tranquilité,
Continuez toutes les nuiz mon songe:
Et si jamais ma povre ame amoureuse
Ne doit avoir de bien en verité,
Faites au moins quelle en ait en mensonge.
Louise Labé
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